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De la tête aux pieds
31 janvier 2014

Zidane et Materazzi : l'occasion d'une réflexion pédagogique (1ère partie)

Le 9 juillet 2006 avait lieu la finale de la coupe du monde de football entre l’équipe de France et l’équipe d’Italie qui a vu les italiens triompher aux tirs au but. Ce moment a été le théâtre d’un évènement qui a passionné les médias et toute la société humaine : le coup de tête de Zidane à l’encontre de Materazzi, l’arrière Italien.

Tout le monde a un avis sur cet acte.

Il y en a qui condamne farouchement, qui se scandalise d’un tel comportement au nom de l’exemple donné au monde entier et aux enfants en particulier. Cela montre son manque d’éducation. Il nous révèle ici vraiment ses origines sociales. C’est un comportement classique des jeunes de la cité que de se faire justice soi-même par la force physique. Ce n’est pas vraiment l’homme qu’on a voulu nous faire croire. (Il y a peut-être dans cette condamnation une satisfaction de faire choir un être humain du piédestal que la société lui a façonné).

Il y a d’autres personnes qui excusent l’homme pour tout son apport dans l’histoire du jeu et pour son génie. C’est un homme qui a sa part d’ombre qui est à accepter mais qui est tellement minime par rapport à la lumière de son génie et de son humanisme.

De Gaulle et Pétain ont suscité tous les deux les mêmes positionnements. A croire qu’il existe uniquement des opinions manichéennes lorsqu’il s’agit d’apprécier la conduite d’un homme.

Moi professeur d’éducation physique et sportive, j’ai l’impression de me retrouver dans un conseil de classe avec des professeurs procureurs et des professeurs avocats des élèves. Les uns se montrent intransigeants au nom de la morale et du bien commun, et les autres indulgents et débonnaires au nom de l’amour.

Mais condamner ou bien excuser en raison des qualités présentes sont-elles des attitudes pédagogiques saines et efficaces ?

Il y en a une qui cherche à contenir un comportement sans le modifier en profondeur. On produit une belle surface. Et il y en a une qui justifie et donc perpétue une attitude déviante.

Nous proposons une autre lecture de la déviance et de la responsabilité. Le sujet est-il responsable de ses actes à chaque moment où il les produit ? Existe-t-il une pure conscience délibérée avant et au moment d’agir ? L’être  humain est-il en mesure de se dégager de toute influence qui échapperait à ses choix lorsqu’il se détermine ?

L’inconscient existe. Il y a des forces occultes qui nous gouvernent, qui nous échappent et qui ne pénètrent pas notre conscience mais qui peuvent y avoir accès pour participer à une délibération. Le sujet devenant alors maître de lui-même et responsable de ses actes. Il nous faut donc mettre à jour ces forces qui échappent à la conscience du sujet. La gestion mentale par l’analyse des projets de sens du sujet grâce à un dialogue pédagogique est un champ des sciences humaines et de la pédagogie qui peut aider la personne à libérer sa liberté dans la détermination de ses actes. C’est en se comprenant que le sujet arrivera à se contrôler, en connaissant les raisons de son comportement. Cependant en condamnant, on détermine une origine mauvaise de nature et de ce fait le sujet ne va pas s’analyser. C’est moi qui suis mauvais. Point et plus rien après. Nous estimons qu’il y a un implicite qui est à l’origine du comportement. Faire remonter à la conscience cet implicite rend service à l’humanité. Il permettra à d’autres êtres de se comprendre et d’éviter les torts liés à une déviance. Sanctionner et n’en rester que là n’a pas d’efficacité profonde et n’est d’aucune utilité.

Si on se replace dans le débat concernant le comportement violent d’un joueur de football, on peut se demander quelle est la causalité qui a déclenché son geste.

Ce n’est pas une causalité qui a déterminé l’impulsivité de Zidane. Son comportement est le fruit d’une sommation d’éléments contextuels qui se sont accumulés dans le temps. Mais ces éléments contextuels ont fait sens au regard d’une personnalité qui est aussi à étudier pour comprendre ce geste. On ne peut comprendre le comportement d’un individu uniquement si on porte un regard sur l’ambiance de sens dans laquelle il baigne et sur l’atmosphère et les structures de projets de sens qui l’habitent. Notre analyse se déroulera donc en deux temps.

Dans un premier temps, nous analyserons le contexte dans lequel est survenu le geste violent de Zidane. Un ensemble d’éléments frustrants sont venus faire pression pour finalement lui faire perdre la maîtrise de lui-même.

Dans un deuxième temps, nous avons imaginé les projets de sens de Zidane en prenant appui sur des lectures, des intevieuws et de nos observations des matchs de football dans lequel il a participé. Nous avons cherché  mettre en évidence qu’ils étaient organisés autour de la notion de la frustration.

Aussi est-on amené à comprendre qu’il ait été si réactif dans un contexte saturé de frustrations. Aussi dépasse-t-on la culpabilité et nous rejoignons la responsabilité du sujet. Culpabiliser aliène le sujet, autant celui qui culpabilise que celui qui est culpabilisé. Nous militons pour la responsabilité du sujet et non pas pour une attitude réactionnaire bien en vogue dans nos sociétés occidentales où l’on pense qu’il faut lutter contre le laxisme ambiant.

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